Pour ou contre raccourcir les vacances d'été ?
En déplacement à Marseille le mardi 27 juin, le président de la République Emmanuel Macron a dit vouloir repenser le temps scolaire et réduire les vacances d'été. Il y a quelques jours, Edouard Philippe, ancien premier ministre et fondateur du mouvement Horizon, a affirmé lors d’une réunion publique à Bordeaux vouloir bâtir une “école du 21ème siècle”. Pour se faire, il s’attaque aux rythmes scolaires qu’il voudrait réorganiser avec une réduction de la durée des vacances d’été.
Cette proposition revient inlassablement dans le débat public à l’instar de la question de l’uniforme qui avait fait un grand retour en début d’année. Par exemple, Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale socialiste de 2012 à 2014 avait fait cette préconisation sans pour autant la mettre en place. Yannick Jadot avait, lui-aussi, abordé la question lors de la campagne présidentielle de 2022.
Alors réduire la durée des vacances d’été, d’accord, mais pourquoi ? Le premier argument en faveur du raccourcissement est la lutte contre la reproduction des inégalités. Ainsi, Eric Charbonnier, analyste au sein de la direction de l'éducation de l'OCDE, affirme au magazine Le Point:
« Oui, les inégalités s'accentuent l'été car les enfants n'ont pas tous accès aux mêmes environnements culturels et économiques ».
Raccourcir les vacances d’été est aussi censé éviter la “déperdition du savoir” c’est à dire éviter que les enfant oublient tout ce qu’ils ont appris pendant l’année durant les deux mois d’été. Des grandes vacances plus courtes permettraient aussi d’alléger le rythme hebdomadaire des élèves de primaire français qui avec 900 heures de cours réparties sur 36 semaines ont le rythme scolaire le plus dense des pays de l’OCDE.
Justement, comment ça se passe chez nos voisins ? Contrairement aux idées reçues les élèves français n’ont pas spécialement des vacances d’été plus longues que les autres puisqu’avec 8 semaines et demi, ils se trouvent même plutôt sous la moyenne.
En Suède, en Finlande ou en Espagne par exemple les grandes vacances durent entre 10 et 11 semaines et au Portugal, en Italie, en Grèce ou Roumanie plus de 12 semaines.
Ainsi si la durée du temps de classe se pose effectivement, elle se pose plus sur la journée de classe. Les élèves français ont les journées parmi les plus longues au monde, sont parmi ceux qui passent le plus de temps en classe et qui passent le plus de temps à étudier la compréhension écrite et pourtant la France ne brille pas en se plaçant en dessous de la moyenne dans le test Pirls qui évalue les compétences de compréhension.
La question des vacances d’été est un serpent de mer que les politiques aiment ressortir car il fait couler de l’encre. On peut légitimement se demander s’il s’agit d’une réelle solution aux problèmes que rencontrent l’école française.
Pendant ce temps, les classes françaises font partie des effectifs les plus chargés des pays de l’OCDE et le salaire des enseignants français est inférieur à la moyenne de l’OCDE.
Une autre dimension qui semble totalement absente de ce débat est les conditions dans lesquelles les élèves iraient en classe en été. Chaque année les phénomènes météorologiques de canicule sont de plus en plus nombreux et les écoles ne sont quasiment jamais équipées pour faire face. Salles petites et surchargées, vieux bâtiments mal isolés, baie vitrée en plein soleil, comment faire classe quand il fait 40 degrés dans l’école ?
Et vous, que pensez vous de la réduction des vacances d’été ?